Dans la cuisine familiale, la mère de Léa a affiché un tableau des aliments permis, déconseillés ou interdits ; elle met au régime sa fille, une préadolescente sportive et charpentée, pour prévenir un éventuel surpoids. Grosse ! raconte la vie de Léa, de A comme Aliments à Z comme Zéro, en passant par D comme Deuil, J comme Joviale, O comme Obsession ou Y comme Yoyo. Dans ce roman autofictionnel, il est question des régimes qui, on le sait depuis les années 1960, sont délétères pour la santé et fabriquent des gros.ses au fil des reprises successives de poids. De la grossophobie, une discrimination qui touche une personne sur six en France où 17 % des adultes sont obèses ; près de 10 millions de personnes presque invisibles, marquées par la honte d'avoir grossi et la peur de grossir davantage. Léa s'insurge aussi contre la tyrannie de l'apparence : depuis le début du 20e siècle, les femmes acquièrent des droits et prennent peu à peu leur place dans l'espace public... en contrepartie, elles doivent perdre toujours plus de poids, ce qui disqualifie la plupart d'entre elles. Comment vivre en « état de grasse » dans une société où les corps sont modelés par des stéréotypes sexistes ? Malgré la lourdeur du sujet, le récit est écrit avec une surprenante légèreté et une pointe d'humour.
